Observation d’une Mouette de Franklin Larus Pipixcan
Le 14 octobre 1999, sur la Loire à Saint-Pierre-des-Corps, j’observe un reposoir de Mouettes rieuses Larus ridibundus devant l’Ile aux Vaches.
A 18h00, elles sont environs trois cents. Un groupe de trente à cinquante individus arrive de l’amont, provoquant l’envol général des mouettes qui ne tardent pas à se reposer. Je décide alors de les dénombrer précisément et de vérifier s’il s’agit d’un pré-dortoir ou d’un véritable dortoir. En détaillant le groupe à la longue-vue, je repère vite une mouette à capuchon noir et au dos gris foncé que je suppose être une mouette américaine. N’ayant pas de guide d’identification et ne connaissant pas les critères permettant de distinguer spécifiquement les trois espèces de mouettes néarctiques auxquelles je pense, j’observe l’oiseau attentivement pendant une demi-heure, à une distance de 50 - 60 mètres, tant en vol que posé, notant le maximum de détails.
Plus tard, après avoir consulté les guides ornithologiques, je m’aperçois qu’il s’agit d’une Mouette de Franklin Larus pipixcan, adulte.
Le 15 octobre, Pierre Cabard, George Sabatier et moi-même sommes sur le site à 18h30. A 18h45, la Mouette de Franklin arrive de l’amont avec le gros des rieuses. Le pré-dortoir est alors constitué d’environ cinq cents oiseaux. Elle s’envole vers l’aval avec l’ensemble des mouettes à 19h20.
Le 16 octobre, elle arrive sur le site à 18h42, toujours de l’amont, dans une grande troupe de rieuses. Auparavant, David Laloi, Emmanuel Roy et Renaud Baeta l’observent sur un banc de sable avec d’autres mouettes, un kilomètre en amont. Elle quitte le site à 19h33, partant avec la totalité des rieuses vers l’aval, comme la veille (P. Cabard, comm. pers.).
Le 17, la mouette n’est pas revue, au grand dam de nombreux observateurs... Une Mouette pygmée Larus minutus adulte et une Mouette rieuse leucistique la remplacent.
DESCRIPTION DE L’OISEAU (voir les excellents dessins de David Laloi)
Adulte en plumage internuptial.
Taille à peu près égale à la Mouette rieuse, silhouette plus trapue.
Bec noir à pointe rouge foncé, un peu plus court et épais que celui de la Mouette rieuse.
Pattes noires.
Croissants oculaires blancs (rappelant la Mouette mélanocéphale Larus melanocephalus adulte).
Front blanc puis gris en dégradé avant le capuchon.
Calotte gris-noirâtre formant un demi capuchon.
Parties supérieures (dos et ailes) gris foncé soutenu.
Extrémité des rémiges primaires noire avec quatre taches blanches, précédée d’une bande blanche.
Queue gris pâle avec bordures externes blanches.
Parties inférieures (dessous du corps) blanches.
STATUT DE L’ESPECE EN FRANCE
La Mouette de Franklin niche au sud du Canada et aux Etats-Unis, à l’ouest des Grands Lacs. Elle se disperse sur l’ensemble des Etats-Unis et des Caraïbes, atteignant la Patagonie sur la Côte Pacifique. La première observation en Europe date de 1970 (Dubois & Yésou, 1992).
En France, quatorze observations de cette mouette ont été enregistrées (dont 13 homologuées par le C.H.N. depuis sa création) de 1977 à 2000, dont quatre dans l’intérieur du pays (Maine-et-Loire, Rhône, Allier et Indre-et-Loire).
Les quatorze données concernent six adultes et huit immatures et se répartissent ainsi : deux données au printemps (mars - avril), une en été (août), quatre en automne (octobre - novembre) et sept en hiver (décembre à février) (Dubois & Yésou, 1992 ; Dubois et al., 2000 ; Frémont & le CHN, 2000 ; Frémont & le CHN, 2002).
Le séjour le plus long est de 33 jours, du 26 janvier au 27 février 1977 (Angers, Maine-et-Loire). C’est également la première observation française.
La donnée tourangelle est la première (et actuellement la seule) pour l’Indre-et-Loire et la Région Centre. Elle a été homologuée par le Comité d’Homologation National.