Hivernage d’une Oie à bec court Anser brachyrhynchus à Rillé (Indre et Loire) durant l’hiver 2002 - 2003
INTRODUCTION
Le 13/12/2002, J-M. Thibault observait, parmi une troupe d’une centaine d’Oies cendrées Anser anser signalées 3 jours auparavant, la présence d’une Bernache nonnette Branta leucopsis et d’une Oie à bec court Anser brachyrhynchus immature au lac de Rillé, en Indre-et-Loire. Il s’agissait de la 2ème mention de cette espèce pour le site et de la 3ème mention en Indre-et-Loire. Occasionnelle dans notre département, l’Oie à bec court l’est tout autant à l’échelle du pays et elle est classée à ce titre parmi les espèces soumises à Homologation Nationale. L’oiseau stationnera sur le site, en compagnie d’environs 80 Oies cendrées et de la Bernache nonnette, auxquelles elle semblait « appariée », pendant un mois et demi, jusqu’au 27/01/2003, dernière date d’observation, constituant ainsi la première mention d’hivernage « complet » de cette espèce en Touraine. Signalons la découverte le même jour d’un autre individu, immature également, en Vendée, mais qui ne se sera pas observé plus de quelques jours.
STATUT
L’Oie à bec court est un hivernant et un migrateur occasionnels en France. C’est une espèce régulièrement observée (presque chaque année) mais un peu plus fréquente lors des vagues de froid. Le nombre de mentions et d’individus varie donc d’une année à l’autre en fonction des aléas climatiques. Présente principalement le long des côtes de la Manche, proches des sites traditionnels d’hivernage et de l’Atlantique (Finistère, Vendée, Charente-Maritime), elle est plus rarement observée à l’intérieure des terres où elle devient très occasionnelle. Il n’existe donc pas de pattern bien défini des arrivées en France, celles-ci s’effectuant en fonction des vagues de froid, entre fin décembre et début mars (P.J. Dubois & al.).
DISTRIBUTION
L’Oie à bec court niche sur les falaises et les hauts plateaux de la toundra.
Il existe deux populations dans la partie subarctique du Nord Ouest. La population d’Islande et du Groenland oriental hiverne en Ecosse et en Angleterre. Toute la population du Spitzberg migre très tôt vers la côte danoise de la Mer du Nord en passant par la Scandinavie, en longeant majoritairement la côte norvégienne. De là, elle traverse en octobre la baie d’Héligoland puis arrive à sa zone d’hivernage principale en Frise aux Pays-Bas (qui accueille parfois la quasi totalité de la population du Spitzberg), ainsi qu’en Flandre belge.
MENTIONS PRECEDENTES EN INDRE ET LOIRE
Il existe deux précédentes mentions d’Oies à bec court en Indre-et-Loire :
DISCUSSION
L’arrivée d’une Oie à bec court mi-décembre intervient dans un contexte particulier qui a vu l’arrivée en Indre-et-Loire d’un important afflux d’Anatidés et d’Oies. Pour exemple, à Rillé, les effectifs de Sarcelles d’hivers Anas crecca sont passés de 200 à un millier d’individus (record du site), le Canard chipeau Anas strepera de 1 à 56 et le Canard siffleur Anas penelope de 39 à 244 (record de l’année). Une autre Oie à bec court était trouvée le même jour en Vendée. Ces deux observations sont restées néanmoins marginales, rapportées à l’échelle nationale, aucune autre observation ou signe d’afflux d’Oies à bec court n’ayant été enregistrée à cette période sur le territoire français, pas même dans les régions du Nord de la France, proches des aires d’hivernages belges et hollandaises de l’espèce. 26 Oies à bec court ont bien été notées dans le Nord-Pas de Calais, le 16/11/2002 en vol nord-est au Clipon, remontant vers la Belgique en rétro-migration (C.Gruwier & B.Paepegaey comm. pers.), sans qu’un lie n puisse être établi entre ces deux phénomènes, très probablement indépendants l’un de l’autre. L’oiseau de Rillé, pour le plaisir de nombreux observateurs qui se sont déplacés, parfois de loin (coche, quand tu nous tiens :-), a séjourné pendant 45 jours sur le site, ce qui constitue la première donnée d’hivernage en Indre-et-Loire.
BIBLIOGRAPHIE
Oie à bec court Anser brachyrhynchus immature, Lac de Rillé, 18 décembre 2002 (Sophie Reverdiau).